15.1.13

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Extrait de "Lettre ouverte aux gens heureux et qui ont bien raison de l'être" Louis Pauwels (1971)

"Je mise sur des minorités d'hommes exceptionnels. Pas du tout sur des minorités d'hommes exceptionnellement colériques.
Les désordres, les crimes, les ruines, sont l'oeuvre des hommes qui ne surent jamais être heureux et qui haïssaient tous ceux
qui essayaient de l'être. Les héros selon mon coeur sont les hommes qui ont pris le parti du bonheur.
Pour moi, les seules élites vraies et respectables sont celles qui trouvent leur justification et leur récompense dans le bonheur
d'autrui, ici et maintenant.

Ne me demandez pas : de quel bonheur parlez-vous ? Je parle du bonheur.
Tout le monde s'entend là-dessus. C'est un mot détesté par nos philosophes, parce qu'il se passe de commentaires.
Il n'est pas difficile d'être malheureux et mécontent. Il suffit de s'en remettre à l'humeur triste et irritée, qui n'attend que ça.
Il suffit de bouder le monde, de s'asseoir à l'écart, et d'attendre en râlant le jour J de la distribution des raisons de vivre.
Mais le jour J ne se lève jamais. L'homme qui s'est abandonné à la pente de la tristesse et de l'irritation ne voit venir qu'un ennui
toujours plus lourd et une haine toujours plus profonde de soi-même, de tout et de tous. Qu'il nomme donc cela le sentiment
révolutionnaire, s'il éprouve le besoin de draper son cadavre puant. Sous cette draperie, il croit qu'il bouge. C'est seulement le
cadavre qui fermente. Il s'imagine manifester quelque majesté en refusant les offrandes d'un monde qui fonctionne malgré lui.
Il manifeste seulement que rien ne pourrait le désennuyer de lui-même, sinon le malheur des autres.

Il est difficile d'être heureux. Il faut de l'esprit, de l'énergie, de l'attention, du renoncement et une sorte de politesse qui est bien
proche de l'amour. C'est parfois une grâce d'être heureux. Mais ce peut-être, sans la grâce, un devoir.
Un homme digne de ce nom s'attache au bonheur, comme au mât par sale temps, pour se conserver à lui-même et à ceux qu'il aime.
C'est un devoir d'être heureux. Et c'est une générosité."


Et cette musique qui m'accompagne si souvent ...
(Beethoven concerto pour piano No. 5 en E flat major 'Emperor' Op. 73: 2. Adagio un poco mosso interprété par Glenn Gould)

Belle journée à vous !

4 commentaires:

sab a dit…

Un petit clin d'oeil pour toi sur mon blog ce matin.
Je te souhaite d'être heureuse en 2013.

Louve a dit…

Je vais aller voir cela !
Merci Sab, je le suis déjà maintenant ce ne sera que du bonus ! ;-)
Bises

Audrey a dit…

Quelle justesse dans ces mots ! Je note la référence pour trouver ce livre à l'occasion...

Unknown a dit…

merci Laetitia, j'en avais entendu parler de ce livre, jamais lu, mais tu me donnes envie